"Il y a urgence": des associations veulent interdire la publicité des produits trop gras et sucrés

La Ligue contre le cancer, l'association de défense des consommateurs CLCV, la Fédération française des diabétiques, Action contre la faim... 87 associations et organisations interpellent ce mercredi le gouvernement dans une lettre ouverte et l'appellent à "rehausser" les ambitions de la Stratégie nationale de l'alimentation (Snanc).
Dans le document, transmis à l'AFP, les différentes organisations déplorent le "retard incompréhensible" pris dans l'élaboration de cette stratégie prévue par la loi Climat et résilience de 2021, et demandent notamment au gouvernement des mesures d'interdiction de publicité et de marketing pour certains produits jugés peu sains.
"Des études et des organismes reconnus comme l’OMS ou l’Anses établissent un lien direct avec la surconsommation de ces produits et l’exposition qu’on en a via le marketing et la publicité", explique ce mercredi sur RMC Nadia Ziane, directrice du pôle consommation à l'association Familles rurales, signataire de la lettre. Celle-ci rappelle qu'il y a urgence puisqu'une personne sur deux en France est en surpoids et 10 millions d'adultes sont obèses.
Nadia Ziane cite les exemples du Chili, de l'Argentine ou du Royaume-Uni, où des mesures d'interdiction de publicité ont été instaurées. "On se rend compte que dans ces pays, ça n’a pas causé d’importants préjudices publicitaires. Par ailleurs, ça a clairement fait baisser la consommation de ces produits trop gras, trop sucrés, trop salés, avec un impact positif sur la santé des enfants", développe Nadia Ziane au micro de Charles Matin.

Les consommateurs sont "influencés, dénonce-t-elle, "ce n’est pas infantilisant". "Les enfants, en particulier, n’ont pas la faculté de comprendre qu’on induit des comportements chez eux. Encore une fois, c’est établi scientifiquement. Quand on les expose à d’autres nourritures, ils adoptent d’autres comportements alimentaires".
"Les fruits et légumes, quand nos producteurs les vendent, ça leur rapporte 11 milliards. Quand les consommateurs les achètent, ça nous coûte 22 milliards. Ça veut dire 11 milliards qui sont pris par les intermédiaires", dénonce Nadia Ziane
Cinq enseignes de la grande distribution ont, elles aussi, récemment adressé une missive au gouvernement, alors qu'est souvent dénoncé le retard du secteur en matière de transition vers une alimentation plus saine et plus durable.
Dans cette lettre, Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché et Coopérative U demandent au gouvernement d'instaurer "l'affichage environnemental", des "campagnes publiques de sensibilisation à l'alimentation durable" sur la base des campagnes sur les "5 fruits et légumes par jour", tout en se disant prêts à faire des "efforts" pour "mettre en avant et offrir des promotions pour les produits les plus favorables à la santé et l'environnement".
"On renvoie la balle aux pouvoirs publics, on a besoin de règles communes pour les produits sains bénéficient de la même stratégie marketing de mise en avant. On ne peut plus tout faire reposer sur la responsabilité des consommateurs", abonde auprès de RMC Stéphanie Pierre, chargé de plaidoyer pour France Assos Santé.
"On a aussi un sujet sur comment les différents maillons de la chaîne margent sur les produits", souligne Nadia Ziane. Le rayon fruits et légumes rapporte à la grande distribution 265 millions d’euros, alors que le rayon pâtisserie, lui, cause un déficit de 65 millions d’euros. On doit changer de paradigme."
RMC